Interview de Khenpo Tashi Rinpoche

Interview de Khenpo Tashi Rinpoche

Q : Aujourd’hui on a inauguré le Mila Rechen Center, qu’est-ce que Rinpoché attend pour Mila Center, ou Mila Rechen Center ?

R : Ses attentes sont simples, en étant très profondes : tout simplement, que par la création de ces 2 associations, dans le futur il y ait une paix dans les esprits qui se propage à tous les habitants de la terre, une grande sérénité, un bonheur qui puisse être diffusé et plus particulièrement, aux habitants de la France, que ce bonheur puisse être accessible – voilà son seul espoir, qu’il accomplit par la création de ces 2 centres.

Q : Est-ce que le centre est ouvert à toutes les personnes qui viennent d’Europe ?

R : Rinpoché voyage dans beaucoup de pays en Europe pour enseigner et il reste très peu de temps à chaque fois ; et à chaque fois il y a cette demande pressante des étudiants de l’Europe qu’il vienne plus souvent ou qu’il reste plus longtemps, qu’il n’ a pas pu satisfaire jusqu’à présent, donc il n’a pas les moyens matériels de rester plus longtemps ou venir plus souvent, et du coup par la création de ce centre, en ce pays central qui est la France, il a l’espoir que y ait un moment, par exemple l’été, pendant quelques semaines, où tout le monde est convié, pour un grand rassemblement où il y aura des enseignements, des pratiques, des rituels effectués, par exemple, une fois l’été pendant plusieurs jours, et une fois éventuellement à une autre saison, l’hiver ou le printemps, où tout le monde est convié. Tous ceux qu’il a rencontré dans l’Europe, qu’il n’a pas eu le temps de fréquenter autant qu’il le voudrait, puissent se réunir ici. Donc, évidemment tout le monde est invité.

Q : Khenpo Tashi, dans le centre vous allez enseigner la méditation ; est-ce que vous pouvez nous expliquer à quoi sert la méditation ?

R : Ce qu’on appelle méditation, « gom » en tibétain, qui veut plutôt dire « s’habituer à, cultiver », est notre pratique principale. C’est en fait la pratique qui est aussi nommée l’entrainement de l’esprit ; c’est un entrainement qui vise, lorsque on a toutes sortes de difficultés, pas seulement à l’esprit, évidemment toutes sortes de difficultés psychiques, émotionnelles, cognitives, mais également toutes sortes de difficultés physiques, corporelles, donc cette pratique va viser à tranquilliser l’esprit au sein même des difficultés, à pouvoir y apporter une sérénité et une paix intérieure, et c’est le but principal de ce qui constitue notre pratique principale, c’est-à-dire la méditation.


Q : Est-ce que tout le monde peut venir ? Est-ce qu’il faut être bouddhiste, ou pas forcément bouddhiste, pour venir suivre les enseignements sur la méditation ?

R. : Apprendre la méditation c’est évidemment accessible à tout le monde, ouvert à tout le monde – en tibétain on dit « à toutes les classes, à toutes les races » – à tous les humains. Non seulement ça, mais ce qu’on voit dans la biographie par exemple du Jetsun Milarépa, c’est qu’il a enseigné par exemple à des chiens, à des chamois, à des cerfs, à des animaux sauvages. Il a enseigné les 6 yogas de Naropa à des animaux, il a enseigné même les préceptes du Mahamudra, du Grand Sceau à des animaux, puisqu’ils étaient qualifiés pour recevoir un enseignement dès lors qu’ils avaient un esprit et qu’ils voulaient l’apaiser. Donc dès lors qu’on a un esprit et qu’on veut l’apaiser, qu’on veut un peu de tranquillité, qu’on veut du calme dans l’esprit, on est qualifié pour accéder à ces enseignements.
Il faut comprendre qu’on propose, c’est-à-dire, quelqu’un à un problème au niveau du corps, physique, il va voir un médecin pour établir un diagnostic pour se faire soigner, il va à l’hôpital : on ne va pas dire, « Non, ce n’est accessible qu’aux seuls bouddhistes, ou non bouddhistes, ou à telle classe de personnes parce que l’autre ne peut pas être soigné par ces médicaments… » Non. Il y a des médicaments qui soignent le corps, point. Là, on a des remèdes, en quelque sorte, qui soignent l’esprit de ses maux, de ses tourments, de ses souffrances, qui apaisent tout simplement l’esprit. Donc, dès lors qu’on a un esprit, on est invité, on est le bienvenu, on a tout ce qu’il faut.


Q : Khenpo Tashi, vous êtes reputé pour les enseignements sur le Mahamudra. Qu’est-ce que c’est le Mahamudra ?

R : Ce qu’on appelle le Mahamudra, donc on traduit ça par le Grand Sceau, le Grand Symbole, n’indique qu’une chose, ce qu’est l’esprit, la nature même de l’esprit, la propriété foncière de l’esprit, ce qu’est l’esprit. Dans ce corps physique il y a un esprit, qui est manifestement lié à ce corps. Dès lors qu’on connait cet esprit, directement, dès lors que l’esprit s’introduit à lui-même, se reconnait lui-même, (dans le Mahamudra tout est affaire de présentation, d’introduction, de confrontation avec la nature de cet esprit), dès lors qu’on est capable de dire : l’esprit c’est ça, d’une manière certaine, alors il n’y a pas d’autre Mahamudra, c’est ça même l’essence du Grand Sceau, du Grand Symbole. Ce sont des méthodes.


Q : Est-ce que vous avez un programme d’enseignement pour les 3 années à venir ? Est-ce qu’il y va avoir des courtes méditations, des sessions longues de retraite, des enseignements spécifiques ? Est-ce que vous avez déjà une idée du programme ?

R : C’est simple. Dans les 3 prochaines années, le centre va prendre de l’ampleur, beaucoup de gens vont le fréquenter en tant qu’élèves, et donc les enseignements vont s’ajuster en fonction des besoins de chacun. Ça veut dire qu’il y aura des élèves qui vont recevoir des instructions pour la méditation sur le rêve, pratiquer le rêve, ce qu’on appelle le yoga du rêve ; il y a des élèves qui vont recevoir des instructions spéciales, personnalisées, pour ce qu’on appelle la méditation de la claire lumière, il y a d’autres élèves qui ont plus d’aptitude, qui sont plus portés à pratiquer ce qu’on appelle tummo. Donc voilà le plan : le plan c’est de donner des instructions beaucoup plus personnalisées en fonction des besoins de chacun dans l’avenir. Chacun aura de quoi faire.


Q : Le centre est actuellement tout petit, il est en construction – comment chacun peut aider pour construire le centre, que ce soit en donnant de l’argent, par exemple, ou passer du temps pour faire des travaux, ou donnant des idées ?

R : Effectivement il y a beaucoup à faire, il y a beaucoup de travail, donc si les personnes peuvent aider financièrement, par exemple, c’est génial, car en aidant financièrement le centre, ils aident financièrement leur pays, ils aident financièrement eux-mêmes, ils aident financièrement les êtres, à être plus tranquilles, plus heureux, plus sereins. Ils aident à ce que le bonheur puisse se répandre, et donc, s’ils peuvent aider financièrement cette association, c’est une très bonne chose. Ensuite, ils peuvent aider physiquement, en venant faire des travaux, en venant aider à l’arrangement, à la rénovation de la maison, du centre, le jardin par exemple, le weekend ou en semaine s’ils ont des jours libres. Ils peuvent également aider administrativement, s’il y a des papiers à remplir, s’il y a des choses à faire à niveau administratif, ils peuvent apporter leur soutien, leur concours, en fonction de leurs compétences, donc toute aide est bienvenue.